Composter ses déchets : les 5 bienfaits majeurs pour la planète
Les ménages français produisent annuellement 18 millions de tonnes de déchets organiques (déchets de cuisine et résidus de jardin). Choisir à ces biodéchets une fin de vie valorisable et respectueuse de l’environnement à un impact fort sur la santé de notre planète. Le compost est justement une manière de transformer vos déchets en une nouvelle ressource à l’impact environnemental positif. Mais composter ne se limite pas simplement à fabriquer de l’engrais pour vos plantes : les bénéfices sont encore bien plus grands. Vous compostez et vous souhaitez connaître tous les pouvoirs écologiques du compost ? Vous ne compostez pas encore et avez besoins de quelques arguments pour être convaincus ? Nous vous expliquons dans cet article comment composter peut aider à sauver la planète à travers les 5 bienfaits majeurs du compost.
1. Valorisation de vos biodéchets en matière fertile
Il y a trois voies majeures pour la fin de vie de vos déchets organiques : ils peuvent être compostés, incinérés ou mis en décharge. Les déchets organiques mis en décharge ne sont absolument pas valorisés : il n’en résulte aucune nouvelle ressource exploitable et pire, ces déchets produisent du méthane, un gaz à effet de serre (nous le verrons dans le prochain point). Un déchet incinéré a au moins l’avantage de produire de l’énergie (électrique et/ou thermique). Cependant, les déchets ne disparaissent pas totalement lors de l’incinération : il reste entre 30% et 35% de résidus solides (mâchefers et cendres, riches en substances toxiques). Les fumées produites sont également fortement polluantes.
En compostant vos déchets, vous permettez de leur donner une seconde vie bien plus utile à l’environnement. En effet, l’humus, cette terre granuleuse brune à l’odeur de sous-bois, est un concentré de nutriments dont raffoleront vos plantes, vos fleurs ou votre potager.
2. Réduction des gaz à effets de serre
En évitant la mise en décharge de vos déchets organiques, vous réduisez aussi l’émission de gaz à effet de serre. Pour comprendre les phénomènes mis en jeu, regardons ce qu’il se passe de plus près dans un centre d’enfouissement.
Dans une décharge, les déchets sont compactés, voir parfois recouverts d’une couche de terre. La conséquence directe est une privation d’oxygène dans le milieu. Par conséquent, les déchets organiques se décomposent dans un milieu anaérobie : ils génèrent alors un biogaz composé en grande partie de méthane (CH4). Ce processus s’appelle “la méthanisation”.
En comparaison, un tas de compost correctement entretenu est aéré et la dégradation des matières organiques se fait donc en présence d’oxygène. Cette réaction libère également un gaz : le dioxyde de carbone (CO2).
Le méthane et le dioxyde de carbone sont tous deux des gaz à effet de serre. Mais quel est le pire ? Sans contestation, il s’agit du méthane, puisque ce gaz a un potentiel de réchauffement climatique 25 fois plus puissant que le gaz carbonique. En évitant l’enfouissement de vos déchets organiques, vous évitez donc l’émission d’un gaz à effet de serre particulièrement impactant sur le réchauffement climatique.
3. Décontamination des sols pollués
Vous ne le saviez peut-être pas, mais le compost peut aussi servir à la réhabilitation des sites et sols pollués. Ce procédé est appelé “compostage des sols”. Le principe est simple : il consiste à mélanger des terres polluées (par exemple avec des pesticides, herbicides ou hydrocarbures) avec du compost afin de dégrader les contaminants. À l’inverse du compostage classique, ce ne sont pas ici des matières organiques que l’on souhaite dégrader, mais des composés xénobiotiques (c’est-à-dire toxiques).
Comment faire du compostage de sol ?
Premièrement, le terre polluée est émottée et les composants grossiers non compostables sont éliminés. Ensuite, on sélectionne le compost le plus approprié en fonction du type de contamination de la terre : en fonction des éléments contenus dans le compost, la vitesse de dégradation et les températures atteintes ne seront pas les mêmes. Ce mélange est ensuite stocké sous forme de tas. Pour que ça marche, il faut réunir des conditions physico-chimiques optimales (température, taux d’oxygène, pH, humidité, ratio Carbone/azote/Phosphore).
Qu'apporte le compost à la terre polluée ?
Le compost possède de multiples atouts pour améliorer la santé des sols. Premièrement, il apporte un pouvoir structurant à la terre : elle est ainsi plus aérée. Par ailleurs, le compost agit sur la biostimulation en apportant des nutriments, de l’azote et du carbone à la terre. Enfin, le compost contient des micro-organismes à foison qui vont participer aux processus de dégradation des résidus toxiques.
4. Le compost comme piège à carbone
Lorsqu’il est utilisé en épandage dans les pâturages ou les prairies, le compost joue le rôle d’un véritable piège à carbone. Nous l’avons vu précédemment, le compostage en milieu oxygéné libère un peu de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Non seulement le CO2 est moins impactant pour la planète que l’émission de méthane qui se produit dans une décharge, mais en plus, le compost rependu en fine couche sur le sol permet de capter bien plus de dioxyde de carbone qu’il n’en émet ! Des chercheurs américains ont démontré que l’épandage de compost sur seulement 5% des pâturages de Californie permettrait d’emmagasiner l’équivalent d’un an d’émission de gaz à effet de serre produit par les industries agricoles et forestières de ce même état. Quand on sait que 30 à 50% des terres mondiales sont des pâturages, l’impact environnemental pourrait être gigantesque.
Comment ça marche ?
C’est tout simple : le dioxyde de carbone est absorbé par les végétaux grâce au processus de la photosynthèse, puis il est séquestré dans les racines ou dans la terre. Le compost, très riche en micro-organismes et en nutriments, permet d’humidifier les sols et de produire jusqu’à 50% supplémentaire d’herbes et autres plantes, qui séquestreront donc davantage de carbone. En plus de cet accroissement de végétaux, le compost augmente la capacité d’absorption du carbone par les plantes. Il y a donc plus de plantes, et ces plantes ont un réservoir carbone plus élevé, ce qui fait un double avantage. Et si vous investissiez dans un potager composteur pour vous initier vous aussi à la permaculture ?
5. Traitement des explosifs et composés pyrotechniques
Les explosifs (comme la TNT et ses dérivés) se compostent ! Cela peut paraitre anecdotique, mais cette propriété du compost a permis à l’armée américaine d’économiser des millions de dollars. En effet, des résidus de TNT et des dérivés, composés de carbone, d’azote, d’oxygène et d’hydrogène, ont été retrouvés dans des lagons entourant des entrepôts militaires où ces explosifs étaient fabriqués. Du compost a été répandu dans ces lagons pollués (en Louisiane ou en Oregon notamment), permettant ainsi de transformer ces composés dangereux en résidus inoffensifs. Pratique, non ?
Le compost peut-il sauver la planète ?
En compostant vos déchets organiques, vous faites un vrai geste écocitoyen. En plus de réduire la quantité de déchets dans les décharges et la production de gaz à effet de serre nocifs comme le méthane, le compost permet de nettoyer les sols contaminés, éliminer les résidus d’explosifs ou encore réduire votre empreinte carbone. Autant de bénéfices qui, à grande échelle, contribueront à améliorer la santé de notre chère planète. Alors, nous ne pouvons que vous encourager à poursuivre vos efforts ! Sachez que même en appartement, il existe des moyens de composter inodores et très efficaces (comme le Bokashi ou le lombricomposteur design). Si vous possédez un jardin, un composteur bois, en plastique recyclé ou rotatif vous permettra de composter pour toute la famille. Vous hésitez encore à vous lancer ? N’hésitez pas à lire nos guides pour bien démarrer le compostage : avec les bons gestes et les bons produits, composter devient un jeu d’enfants.
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